La visite prévol effectuée, le plus dur est de monter à bord : à chacun sa technique, mais cela donne lieu à des contorsions plus ou moins gracieuses, selon la sveltesse du sujet. Une fois à bord, pilote devant, passager derrière, on n’est finalement pas trop mal installé. Le tableau de bord est minimaliste : badin, altimètre, bille, compas, compte-tours, pression et température d’huile. Le ZA est luxueusement équipé d’un démarreur électrique, ainsi, après injections, il suffit d’appuyer sur le bouton du démarreur… et ça démarre !

Au roulage, le pilote voit assez bien devant, mais on ne risque pas d’oublier qu’il s’agit d’un train classique : surveillance permanente et actions sans tarder et bien dosées sur les palonniers s’imposent. En outre l’avion a un goût assez marqué pour des balancements plus ou moins amples selon l’état de surface du taxiway : rouler lentement.

Les actions vitales avant décollage sont assez simples : la plupart des items d’une check-list standard sont… sans objet !

Le décollage est sans difficulté particulière mais requiert un peu de vigilance et une certaine amplitude aux commandes : une caractéristique que l’on retrouvera tout au long du vol. L’avion est vite en l’air, palier d’accélération et montée initiale paisible vers 100 km/h. Par rapport au J3 (un peu moins puissant : 65ch au lieu de 90), le PA19 paraît un peu lourd, moins libellule. En croisière, aux environs de 130 km/h, l’existence est douce, les événements se succèdent avec lenteur, la visibilité excellente, ne pas oublier toutefois de conjuguer les palonniers avec le manche : la bille explore assez volontiers les recoins de son tube ! La placidité apparente de la machine se révèle assez exigeante après tout si on veut voler proprement.

Le paysage défile lentement : on a amplement le temps d’en admirer chaque détail, surtout s’il y a un peu de vent de face. C’est idéal pour découvrir les richesses architecturales d’une région, ou tout simplement repérer un sentier parcouru à pieds ou à bicyclette ou un lieu-dit au milieu de nulle part. Le PA19 a servi d’avion d’observation après tout ! L’avion réagit avec une apparente indolence aux sollicitations, mais cela reste efficace, en outre, sa faible vitesse permet de virer très court pour contourner de près quelque point d’intérêt et en profiter pleinement ! Il est très manœuvrant finalement. On peut ouvrir la moitié supérieure de la porte pour faire des photos sans risque de reflets, tout en profitant de la petite vitesse : on bénéficie en outre d’une aération énergique, appréciée en été, un peu moins en hiver. Les photos d’une bastide avec les haubans en premier plan sont du meilleur effet !

L’atterrissage est à la fois très simple et parfois un peu bondissant. Finale à 100-110 km/h selon le vent. Au moment de l’arrondi, bien se rappeler la position de l’horizon par rapport au capot-moteur (préalablement observée et mémorisée au moment du roulage : c’est ce qui donne l’angle d’atterrissage trois-points), amener doucement l’avion à cet angle sans s’éloigner du sol et attendre, il finira par se poser tout seul. Bien garder l’axe en travaillant aux palonniers. Au sol : manche au ventre. S’il y a du vent de travers, ne pas oublier : manche dans le vent ! Il faut travailler un peu pour faire tout ça en même temps, c’est aussi une affaire de dosage et de réactivité. Cet avion n’est pas méchant, mais il lui arrive de faire des fantaisies : au pilote de le ramener rapidement et gentiment dans le droit chemin… C’est un peu comme avec un animal vivant : autorité sans brutalité !

Les vols se terminent généralement avec les mines réjouies des membres d’équipage.