Le Piper PA19 Super-Cub

Le mot Cub désigne en anglais « un jeune mammifère carnivore (lion ou ours) » (Webster’s Dictionnary) : un jeune en cours d’apprentissage somme toute. Son ancêtre est le Taylor E2 Tiger Kitten,  le bébé tigre : il y a là une certaine cohérence…

Le Taylor E2, créé en 1930 par C. Gilbert Taylor aux États-Unis, était un biplace en tandem à aile haute, à cabine (à peu près) fermée, simple et léger, propulsé par un moteur de 20ch qui s’avéra rapidement insuffisant. Après plusieurs essais, un moteur Continental A40 de 37ch fut adopté et l’avion rebaptisé Cub. Environ 300 exemplaires furent construits. La société fut rapidement mise en difficulté à cause de conflits entre Taylor et William T. Piper Sr. qui faisait partie du conseil d’administration.

La société Taylor fut alors rachetée par William Piper qui reprit la production du E2 sous le nom Piper J3 Cub (la lettre J pour Walter Jamouneau, auteur de plusieurs améliorations), avec un moteur Continental A50 de 50ch. Ce fut un succès commercial dès avant-guerre.

Pendant la guerre, le J3 devint L4 et, produit en très grande série, servit comme avion d’observation, de liaison, d’évacuation sanitaire et à de multiples autres tâches humbles et glorieuses. Il se trouve que l’un des derniers combats aériens contre l’Allemagne nazie, le 12 avril 1945, eut lieu entre un Cub et un Fieseler Storch alors que ni l’un ni l’autre n’était un avion de chasse ! L’équipage américain avait simplement ouvert la porte de l’avion et tirait avec leurs pistolets de service tout en manœuvrant en tous sens : le Storch fut contraint d’atterrir, les américains se posèrent à côté, prodiguèrent les premiers soins à l’équipage blessé et le fit prisonnier. Le L4 acquit pendant la guerre le surnom de Grasshopper (sauterelle) à cause de sa propension à rebondir à l’occasion d’atterrissages approximatifs…

Après la guerre, de nombreux L4-J3 aboutirent dans des écoles de pilotage où ils formèrent, et forment encore trois quarts de siècle plus tard, des milliers de pilotes. C’est une formidable école : robuste, simple, économique et démonstratif, il enseigne merveilleusement les bases du pilotage pas à pas, sans artifice, exhibant clairement mais sans méchanceté les erreurs et imperfections de l’élève-pilote. Avec lui, on apprend à piloter

Le J3 connut de multiples développements, en particulier le PA18 Super-Cub, un peu plus lourd, avec des motorisations de 90 à 150ch, et plus d’autonomie. C’est avec un PA18 qu’Henri Giraud se posa en 1966 sur les quelques mètres carrés du sommet du Mont-Blanc. Le Super-Cub est l’avion chéri des bush-pilots en Alaska qui le font voler dans des conditions épouvantables, loin de toute infrastructure : on explique parfois que la meilleure façon d’arrimer un Cub pour la nuit, lors d’un bivouac au milieu de nulle part, est d’accrocher le moyeux de l’hélice à un arbre avec une corde, de sorte que l’avion s’oriente automatiquement dans le vent comme une girouette ! Le PA19 en est la version militaire.

Le F-BFZA, basé à Castelsarrasin-Moissac, est un PA19 de 90ch devenu civil. C’est l’avion idéal pour les promenades tranquilles à vitesse modérée au-dessus des coteaux : de la cabine largement vitrée, on a le temps d’observer chaque chemin, d’admirer chaque vallonnement, chaque village, chaque château. En été, on peut voler la porte ouverte, faire des photos ; en hiver, une bonne petite laine bien chaude est appréciée car l’étanchéité de la cabine est assez relative… À l’atterrissage, un peu de doigté est requis, car on s’expose à des quolibets (amicaux) en cas de maladresse.

Pour en savoir plus :https://www.historynet.com/bill-piper-and-the-piper-cubs/  (en anglais)