Cette icône de l’aviation légère française est en fait un avion belge !

Sa conception au cours des années 1930 par Jean Stampe en Belgique donna lieu à partir de 1937 à une première construction en série en partenariat avec Maurice Vertongen (d’où le sigle SV). Après la guerre, l’aviation française était en piteux état : afin de former les nombreux pilotes qui manquaient, environ un millier de Stampe furent construits en banlieue parisienne et à Alger, alors française. Le moteur d’origine Gipsy Major fut remplacé par un Renault 4PO à 4 cylindres en ligne inversés de 140ch. Cette avion forma ainsi plusieurs générations de pilotes, du pilotage élémentaire jusqu’à la voltige de compétition ! À partir des années 1960 un certain nombre d’exemplaires furent cédés pour un prix symbolique à des aéroclubs où ils contribuèrent à former de nombreux autres pilotes et servit à entraîner des champions de voltige comme Lucien Biancotto. Il équipa même l’Équipe de Voltige de l’Armée de l’Air de 1968 à 1970.

L’apparition de modèles d’avions plus modernes fit que les aéroclubs se séparèrent progressivement de leurs Stampe qui aboutirent entre des mains privées. Une quarantaine vole encore à ce jour entretenus et pilotés par des passionnés. C’est une machine qui offre un agrément de pilotage qui ne se compare à rien d’autre : à la fois précise et réactive comme doit l’être un avion de voltige, elle est aussi d’une grande douceur aux commandes. On vole la tête à l’air derrière un vieux moteur qui ronfle avec bonhommie dans un avion qui ne demande qu’à manœuvrer souplement et instantanément à la moindre sollicitation de son pilote ! Un vol en Stampe, au dessus des coteaux, dans la lumière dorée déclinante d’un soir d’été, les ombres s’allongeant au sol, est un délice rare…

Le F-BDNF https://www.f-bdnf.fr/, largement septuagénaire, vole régulièrement à Castelsarrasin-Moissac. Ses pilotes, conscients de son grand âge, le mènent délicatement du bout des doigts, le ménagent scrupuleusement et le soignent méticuleusement. Pour les spectateurs, la cérémonie du démarrage, à l’aide d’un démarreur à air comprimé et brassage de l’hélice constitue un voyage dans le temps de plusieurs décennies !